ÉTAIEMENTS
Extrait
du « Traité pratique de charpente» par E. Barberot,
architecte(s.c.),
Paris, Librairie Polytechnique, 1911.
Le
mot étai sert à désigner les pièces
de bois employées pour soutenir provisoirement, soit des
constructions ou parties de constructions, soit encore les terres
d'une fouille. Ces pièces prennent différents noms
suivant leur destination, la fonction qu'elles remplissent et la
position qu'elles occupent.
Blindage,
planches ou madriers jointifs ou placés à des intervalles
variables suivant la mobilité du terrain, et qui forment
une sorte de cuirasse pour une fouille dans un sol meuble, dans
du gravier ou dans du sable lorsqu'on a des éboulements à
craindre. Les planches sont posées suivant la longueur du
terrain creusé. Des couches ou plates-formes appuient le
revêtement de planches contre les terres, et sont assujetties
par des contre-fiches.
Chandelle,
lorsque la pièce est placée verticalement à
plomb sous une pièce qui doit être soutenue horizontalement.
Chevalement,
ensemble de pièces formant pour ainsi dire de grands tréteaux,
composés de pièces inclinées en sens inverse,
d'un chapeau qui les surmonte et d'une plate-forme sur laquelle
elles reposent. Si l'on a à craindre des mouvements horizontaux
dans le sens transversal de la construction étayée,
on croisillonne le chevalement.
Contre-fiche,
pièce posée obliquement contre un mur menaçant
de se coucher, contre une pièce de bois verticale pour combattre
une poussée exercée sur celle-ci, ou encore contre
des terres pour les empêcher de s'ébouler.
Couche,
pièce de bois plate que l'on met sous le pied d'un étai
pour former empalement, c'est-à-dire, appuyer sur une grande
surface de sol, ou placée contre des terres à soutenir
pour remplir le même office.
Couchis,
pièce de bois horizontale ou verticale qui reçoit
le pied ou la tête d'une contre-fiche, de longueur relativement
grande; elle procure à la contre-fiche un point d'appui variable
suivant l'inclinaison que prendra la contre-fiche.
Étançon,
les pièces verticales ou légèrement inclinées
qui servent à soutenir une partie de construction ou des
terres minées, c'est en quelque sorte une chandelle de fortes
dimensions, qui a rarement plus de deux ou trois mètres de
longueur.
Étrésillon,
nom que l'on donne à des pièces de bois inclinées
que l'on place entre deux murs menaçant ruine, entre deux
piédroits d'une baie ou entre le linteau et l'appui pour
empêcher la déformation soit dans le sens horizontal,
soit dans le sens vertical. Ces pièces s'appuient sur des
plates-formes, elles peuvent former zigzag, croix de Saint-André
ou même être parallèles, c'est-à-dire,
devenir des chandelles. Elles peuvent encore trouver leur emploi
entre les parois d'une tranchée pour empêcher l'éboulement
des terres.
Étrésillonnement.
C'est l'ensemble des dispositions prises pour empêcher deux
parties d'une construction de se rapprocher ou les berges d'une
fouille de s'ébranler.
Plate-forme,
sole ou patin. On désigne ainsi de larges pièces
de bois, planches épaisses ou madriers, qui se placent sous
le pied des contre-fiches ou des étançons pour leur
assurer une surface d'appui suffisante.
Il
faut autant que possible employer pour les étais, contre-fiches
et chevalements, et généralement toutes les pièces
qui supportent un effort de compression dans le sens de leur longueur,
des bois bien droit, non de sciage, assez légers, le sapin
par exemple, pour faciliter la mise en oeuvre par sa densité
moins considérable.
Pour
les pièces qui, au contraire, sont appelées à
être comprimées dans le sens perpendiculaire aux fibres
du bois, telles que les plates-formes, cales, couchis, etc., il
est préférable d'employer des bois durs, comme le
chêne, par exemple.
Étaiement
des berges des fouilles -- Lorsqu'une fouille a une trop grand
étendue pour qu'il soit possible d'étayer les deux
berges opposées par des pièces de bois traversant
la fouille comme on le voit figure 804, ou encore que la fouille
se trouve exécutée à flanc de coteau, on peut
appliquer la méthode que nous indiquons figure 802 et qui
consiste à soutenir les terres au moyen de contre-fiches.
Pour
cet exemple, nous avons choisi le cas le plus défavorable,
c'est-à-dire que nous avons supposé un terrain essentiellement
meuble, sable ou gravier. En cette occurrence, on se trouve dans
l'obligation de blinder le terrain coupé, c'est-à-dire
le garnir de fortes planches et au besoin de madriers, suivant la
poussée et la distance des contre-fiches. Selon la nature
plus ou moins meuble du terrain, on pose les planches à une
certaine distance les unes des autres, ou on les met jointives,
comme pour le cas de sable ou de gravier que nous envisageons, qui
oblige même parfois à calfeutrer en plâtre les
joints des planches.
Contre
le blindage on place des couches, pièces de bois sur lesquelles
viennent buter les contre-fiches qu'on empêche de glisser
au moyen de coins fixés sur les couches par des broches ou
des rappointis. Sur le sol, les contre-fiches viennent s'appuyer
sur des plates-formes où elles sont rendues fixes par des
cales en forme de coins.

Figure 802 - Étaiement d'une fouille
Les
contre-fiches sont plus ou moins nombreuses suivant la hauteur de
la berge à soutenir, il est rare qu'on ait besoin d'en mettre
plus de trois pour les cas ordinaires. On doit se préoccuper
d'empêcher le glissement de la plate-forme sur le sol, pour
cela, il suffit d'enfoncer en terre des pieux contre lesquels viennent
buter les plates-formes.
Suivant
la nature des terrains, on donne à la fouille un fruit ou
talus permettant au sol de tenir, au moins temporairement, le temps
de poser l'étaiement.
L'exemple
figure 803, est du même ordre que le précédent
sauf qu'on a pratiqué une fouille parallèle destinée
à servir de butée aux pieds des contre-fiches. Comme
on peut admettre que dans un même sol peuvent se produire
des poussées différentes et que certaines contre-fiches
pourraient supporter une fatigue plus grande que les autres, on
les solidarise au moyen de moises, comme l'indique notre dessin,
qui parent au flambage qui pourrait se produire vers le sol ou vers
le ciel. On est même parfois obligé de moiser aussi,
pour le même motif, dans le sens longitudinal, c'est-à-dire
perpendiculairement aux contre-fiches.

Figure 803- Étaiement d'une fouille
On
remarquera qu'aux pieds des contre-fiches, nous n'avons pas indiqué
de cales, cela tient à ce que les étais taillés
de deux traits de scie s'appuient normalement, ou presque, sur la
semelle inférieure, et n'ont ainsi aucune tendance au glissement.

Figure 804 - Étaiement d'une fouille
Lorsqu'il
s'agit d'une fouille en terrain plat, que les berges ont sensiblement
la même hauteur, et que la distance n'est pas trop considérable
pour les bois dont on dispose, on peut avoir avantage à mettre
des étais traversant la fouille, comme nous le montrons figure
804. On évite des fouilles provisoires du fond, que nous
venons de voir figure 803, et même, si l'on peut laisser sous
l'étai inférieur une hauteur de passage suffisante,
on facilite beaucoup le travail à exécuter dans le
fond de fouille.
Les
berges sont blindées suivant la nature plus ou moins meuble
du terrain.
Étrésillonnement
de tranchées ou rigoles. -- Les tranchées sont taillées
verticalement, ou en talus et garnies d'un blindage suivant que
le terrain se tient, ou est ébouleux.
Dans
les terrains compacts, pour des fouilles de profondeur moyenne,
on a pas ordinairement recours aux étaiements, mais si le
terrain sur lequel on se propose de construire est susceptible d'éboulement,
on doit prendre les précautions nécessaires.

Figure 805, 806 - Étrésillonnement de tranchée
Comme
pour les fouilles que nous venons de voir, on blinde les talus avec
des planches sur lesquelles on applique des couches à des
distances variant de deux à trois mètres, et on place
des étrésillons inclinés disposés comme
nous l'indiquons figure 805.
Parfois,
on emploie la disposition donnée figure 806, mais elle présente
cet inconvénient d'exiger des bois coupés à
la demande et ne pouvant servir à nouveau que pour une autre
tranchée de même largeur, alors qu'avec la disposition
figure 805, on peut utiliser les bois pour plusieurs largeurs de
fouille puisqu'il suffit pour cela de modifier leur inclinaison.
Blindage
de puits. -- La fouille en puits se fait parfois à une grande
profondeur et il serait bien imprudent de ne pas prendre les précautions
nécessaires pour éviter des éboulements pouvant
amener les pires accidents.
Pour
les puits de forme cylindrique qui sont les plus fréquemment
exécutés, on doit, lorsque le terrain ne présente
pas une consistance suffisante, procéder de la manière
suivante :
On
forme sur la circonférence du puits un blindage de planches
d'une longueur variant de 1m,50 à 2 mètres de hauteur
qu'on pose verticalement (fig. 807), que l'on serre contre la paroi
du cylindre par un cercle extensible en fer de 0m,050 X 0m,009 et
dont les extrémités se croisent d'environ 0m,30 (fig.
808), pour les diamètres de puits variant de 1m,20 minimum
pour permettre à l'ouvrier de travailler, et 1m,50 maximum
des puits ordinaires.
Les
voliges en place, quelques-unes plus longues déjà
engagées dans le cercle supérieur, on met le cercle
réglé au diamètre qu'il devra avoir pour serrer
fortement le blindage et on fixe les colliers avec des coins en
fer.

Figure 807 - Blindage de puits Figure 808 - Joint de cercle Figure
809 - Blindage de puits.
On
place alors le cercle en biais en le faisant légèrement
fléchir en forme d'ellipse, et les deux contacts occupant
leur place définitive, et on obtient le serrage du blindage
en faisant prendre au cercle la position horizontale à coups
de masse jusqu'à ce qu'il serre toutes les douves.
Ce
réglage du cercle demande une certaine pratique que nos puisatiers
acquièrent très promptement.
Le
gobetage en plâtre avec enduit de 0m,04 à 0m,05 qu'on
emploie quelquefois pour remplacer le blindage, ne présente
pas la même sécurité, c'est une très
petite économie qui peut parfois coûter fort cher.
On
fait aussi des puits de forme carrée ou rectangulaire, suivant
les besoins; le blindage est alors fixé par de fortes traverses
coincées les unes sur les autres. Il est prudent, pour empêcher
un glissement possible, de soutenir les traverses par des pointes
posées en dessous sur le blindage (fig. 809).
Étaiement
des murs par contre-fiches. -- Le cas le plus général
qui nécessite l'étaiement est celui où un mur
perd son aplomb et menace ruine, s'affaisse, se fend ou se boucle.
Au
point qui paraît le plus favorable à épauler,
mais de préférence à la hauteur d'un plancher
pour contrebuter la poussée de la contre-fiche, on vient
sceller, suivant une inclinaison aussi normale que possible de la
contre-fiche, une pièce de bois sur laquelle reposera la
partie à soutenir (fig. 810), puis sur le sol blindé,
s'il n'offre pas une solidité suffisante, on établit
une semelle ou couche sur laquelle vient reposer le pied de la contre-fiche
fixé par une cale, brochée comme dans les exemples
précédents. La contre-fiche, prise dans un bois généralement
de section carrée pour présenter la même résistance
au flambage dans les deux sens, est coupée aux deux extrémités
de deux traits de scie faisant couteau comme nous l'indiquons sur
nos différentes figures. Cette coupe a l'avantage de faire
passer l'effort de compression par le milieu de la pièce,
tandis qu'avec une coupe droite, un seul côté serait
comprimé et la pièce tendrait à se cintrer.

Figure
810 - Étaiement d'un mur par contre-fiche.
L'emploi
d'un seul étai constitue pour ainsi dire un étaiement
de fortune; pour obtenir un bon étaiement, il est nécessaire
de doubler l'étai, c'est-à-dire de placer deux contre-fiches
dans le même plan, comme nous l'indiquons figure 811.
Il
faut se garder de poser les étais parallèlement, il
faut au contraire s'efforcer de former un triangle ou une portion
de triangle parce qu'on a ainsi une figure plus indéformable.
On moise ensemble les étais pour éviter le flambage
des brins qui ne subissent jamais des compressions égales,
et si on a plusieurs batteries d'étais, on peut aussi les
réunir par des moises pour parer au flambage dans l'autre
sens, surtout pour les pièces les plus longues, en ayant
soin de les disposer de manière à gêner le moins
possible le travail de reprise qui a motivé leur mise en
place.
Si
l'on ne peut employer les moises parallèles au mur soutenu,
on peut constituer l'étaiement par des pièces doublées
placées pour former un triangle dont le sol serait la base;
les deux brins que l'on voit figure 811 seraient alors remplacés
par deux chevalements inclinés moisés ensemble par
des moises dans le sens parallèle et perpendiculaire au mur.
Cela formera un tout solide et capable de donner toute sécurité.

Figure 811, 812 - Étaiement d'un mur par contre-fiche
Suivant
les circonstances, le triangle formé par les contre-fiches
peut avoir son sommet en haut, comme nous venons de le voir, ou
en bas comme le montre la figure 812, lorsqu'il est intéressant
de soutenir le mur à différentes hauteurs.
Voici
(fig. 813) un dessin réunissant plusieurs étaiements
différents sur une façade et un pignon menaçant
ruine; ils n'en ont pas l'air sur notre figure, mais enfin nous
admettons qu'ils menacent.

Figure
813 - Étaiements
On
a tout d'abord étrésillonné les fenêtres
placées au-dessus du poitrail en plaçant verticalement
des plates-formes ou couchis que l'on maintient écartées
et serrées contre les piédroits par des étrésillons
en bois posées inclinés en sens inverse et formant
zigzag; on peut serrer autant qu'il est nécessaire en forçant
l'étrésillon à se rapprocher de l'horizontale.
Le poitrail est soutenu par des chevalements, et on peut venir le
soutenir par une pile en pierre ou une colonne en fonte qui sera
mise en place d'une manière définitive. Les parties
supérieures et le pignon sont étayés par des
contre-fiches simples ou doubles suivant la charge à soutenir
et sont moisés si cela est nécessaire.
On
a coutume de faire un garnissage en plâtre, une sorte de solin,
autour des plates-formes reposant sur le sol. Cela ajoute bien peu
de chose à la solidité, mais c'est pour ainsi dire
un témoin qui permet de se rendre compte si aucun mouvement
ne s'est produit et si l'assiette sur laquelle repose l'étaiement
n'a subi aucune dépression. En effet, si un affaissement
se produisait, des cassures apparaîtraient dans le plâtre,
et ce serait un précieux avertissement.
Chevalements.
-- Un chevalement est un assemblage de pièces de bois destiné
à soutenir une partie de maçonnerie qu'on reprend
en sous-oeuvre, ou encore lorsqu'on veut transformer un rez-de-chaussée
en boutique et qu'on doit remplacer un trumeau par un portail.

Figure 814 - Chevalement
Le
chevalement se place toujours perpendiculairement au mur qu'il supporte
(fig. 814).
En
raison de la charge considérable qu'il peut être appelé
à supporter et pour ne pas obliger à employer des
traverses ou chapeaux de trop fortes dimensions d'équarrissage,
on rapproche à la partie haute les têtes du chevalement
autant qu'il est possible de le faire, sans gêner le travail
ni empêcher la mise en place des pièces, linteau ou
poitrail, qui remplaceront les maçonneries supprimées.

Figure 815, 816 - Chevalement.
Le
vrai chevalement comporte toujours quatre pieds et ressemble un
peu à un tréteau (fig. 815 et 816). C'est le meilleur
étaiement pour soutenir un mur lorsqu'on se propose de mettre
en place un filet ou un poitrail pour pratiquer une grande ouverture.
On
commence par percer le mur en contre-haut de la place qu'occupera
le poitrail et à la distance qu'on a déterminée
pour l'espacement des chevalements, en faisant des trous dans lesquels
on engage les chapeaux ou traverses, puis sur le sol on dispose
les plates-formes, et on vient mettre en place les jambes du chevalement
qui sont légèrement inclinées sur la verticale.
Le
pied de chaque jambe du chevalement est suivant son inclinaison
coupé à la demande de la semelle et porte sur un coin
de coupe correspondante qui permet le serrage; la tête est
entaillée pour présenter un repos à la traverse
et aussi la maintenir verticalement, puis on boulonne les deux jambes
pour leur faire serrer ladite traverse.
Si
le mur à soutenir a besoin, dans l'intervalle de deux chevalements,
d'être soutenu encore, on peut mettre sur les traverses et
de chaque côté des poutrelles parallèles au
mur qui porteront à leur tour des traverses intermédiaires
qu'on aura introduites dans des trous percés dans le mur,
comme pour celles qui font partie du chevalement.
On
est parfois obligé d'entretoiser les jambes des chevalements
par des moises ou des croix de Saint-André, suivant les cas,
et on peut être très gêné pour amener
à sa place le poitrail. On peut alors procéder de
plusieurs façons différentes :
1.
Déposer le poitrail au pied du mur avant la pose des chevalements;
2.
Si le poitrail est composé de deux pièces, et qu'on
ne veuille pas laisser ces pièces sur le sol où elles
sont une gêne pour le passage, on peut les suspendre aux traverses
et mettre des moises immédiatement au-dessous des moises
perpendiculaires au mur et réunissant les deux pieds du chevalet.
En contre-bas, on peut, aussitôt la démolition effectuée,
entretoiser les pieds par des croix de Saint-André;
3.
Lorsqu'il semble indispensable d'assurer l'indéformabilité
du chevalement dans le sens perpendiculaire à la façade,
on peut le faire en laissant dépasser les traverses à
l'extérieur et mettre des liens pour consolider les angles;
4.
Enfin, on peut conserver un espace libre, favorable au travail des
ouvriers, en augmentant la distance entre les pieds du chevalet
par une traverse plus longue et soutenue, ou plutôt équerrée,
par des liens vers l'intérieur. Si la charge sur la traverse
est trop considérable, on peut renforcer cette traverse en
l'armant de profils en I serrés à des distances variant
de 0,40 et 0,50 par de forts boulons, comme on le verra plus loin
figures 821 et 822.
Dans
certains cas, un mur peut n'avoir besoin d'être soutenu que
suivant une direction verticale et le simple étançon
peut parfois suffire, au moins provisoirement.

Figure 817, 818 - Chevalement.
Le
chevalement que nous donnons figures 817 et 818 ne se distingue
des précédents que par le parallélisme des
pieds du chevalet dans le sens perpendiculaire au mur à soutenir.
Destiné
à une reprise de peu de longueur, ce chevalement peut être
entretoisé par des moises sur les quatre sens.

Figure 819, 820 - Chevalement.
Lorsqu'il
s'agit de reprendre l'angle d'un bâtiment formé par
deux murs qui se rencontrent à angle droit, obtus ou aigu,
le chevalement, pour les deux premiers cas, peut être placé
suivant la bissectrice de l'angle formé par les deux murs
(fig. 819); si, au contraire, l'angle est aigu, comme dans notre
exemple figure 820, il est préférable de placer le
chevalement perpendiculaire à la bissectrice, comme le montre
notre dessin.
Le
grand écartement des pieds du chevalement oblige à
donner à la traverse une section considérable. Pour
ne pas arriver à des dimensions de bois par trop énormes,
on emploie des traverses armées de fers I, profils ordinaires
ou profils normaux suivant la résistance nécessaire.

Figure 821, 822 - Traverses ou chapeaux.
On
peut serrer un bois entre deux fers I (fig. 821) et les boulonner
à 0m,40 ou 0m,50 de distance; ou encore emprisonner le fer
I par deux pièces de bois (fig. 822) et boulonner de même.
Étaiements
de planchers. -- La nécessité se présente souvent
d'avoir à étayer des planchers en bois ou en fer,
soit pour y effectuer des réparations, soit pour leur permettre
de supporter temporairement une charge excessive pour laquelle ils
n'ont pas été établis, soit enfin pour soulager
un mur menaçant ruine et sur lequel ils reposent.

Figure 823, 824 - Étaiement de poutre.
Si
le plancher est établi sur poutre et que ce soit celle-ci
qui fléchisse, ou si son point d'appui sur la maçonnerie
menace de faire défaut, on soutient cette poutre par un étançon,
suivant ce que nous indiquons figure 823. Cet étaiement se
compose d'une semelle reposant bien sur le sol par un contact parfait,
puis, après avoir relevé la poutre si elle a baissé,
au moyen de cric ou même simplement de levier, on vient mettre
en place l'étançon ou chandelle qui la maintiendra
à la hauteur voulue.
Pour
éviter tout mouvement latéral du soutien, on cloue
des tasseaux ou des chantignoles, comme l'indique notre dessin,
au pied et à la tête de l'étançon sur
la plate-forme et sur la poutre soulagée.
Cet
étaiement est placé près de la portée
de la poutre si c'est le mur qui menace, ou à un endroit
quelconque de la portée où le danger s'annonce par
une flexion exagérée.
Si
l'on a raison de craindre un déplacement latéral,
ou si le bois dont on dispose ne présente pas un équarrissage
proportionné à la charge, on peut procéder
comme il est indiqué figure 824. Cet étaiement comprend
deux étais inclinés qui viennent soutenir la poutre;
ils sont entaillés en tête de manière à
procurer un repos et à s'opposer au devers; sur le sol, ils
reposent sur une semelle et les pieds sont taillés en couteau
suivant un angle obtus. À l'aide d'une pince-levier, on peut
donner le serrage nécessaire et même relever la poutre.
Des cales clouées sur la plate-forme fixent les étais
en place. Bien que leur inclinaison et surtout le poids qu'ils supportent
empêche les étais de quitter la poutre, on les relie
ensemble par des traverses clouées ou boulonnées,
et qui souvent ne sont que des planches. On peut aussi fixer les
têtes d'étais sur la poutre par des tire-fonds, comme
nous l'indiquons sur notre dessin.
Dans
ces étaiements, il faut toujours se préoccuper de
répartir la charge sur une surface de sol suffisante pour
avoir complète sécurité; pour cela, on établit
au préalable sur le sol bien dressé et battu au besoin,
un plancher ou blindage qui répartit la pression.
Au
cas où il y aurait plusieurs étages superposés,
on devra toujours avoir soin de mettre l'étai supérieur
à l'aplomb de celui inférieur, et les charges successives
viennent s'additionner pour comprimer la surface portante du sol.
Les
étaiements de planchers ne comportant pas de poutres se font
sur les solives.
On
doit, pour l'établissement de l'étaiement sur le sol,
se préoccuper des charges qui peuvent résulter du
soutènement des planchers des autres étages, et par
conséquent, toutes ces charges s'ajoutant les unes aux autres,
il en résulte que les étais du rez-de-chaussée
portent toutes les charges cumulées des planchers supérieurs.
Chaque
étage d'étaiement peut donc être composé
d'étais plus faibles que l'étage immédiatement
au-dessous. Ainsi, par exemple, nous supposons par hypothèse
un bâtiment de quatre étages et une ligne d'étais
portant 3 mètres x 5 mètres x 400 kilogrammes = 6,000
kilogrammes, chacun des planchers représentera un poids de
6,000 kilogrammes. Nous aurons donc sur le sol , 6,000 kilogrammes
x 4 = 24,000 kilogrammes; au premier, 6,000 kilogrammes x 3 = 18,000
kilogrammes; au second, 6,000 x 2 = 12,000 kilogrammes; et enfin,
au troisième, la seule charge du quatrième plancher,
soit 6,000 kilogrammes.

Figure 825 - Étaiement de planchers.
La
figure 825 montre la disposition généralement adoptée.
On place en bas des semelles ou couchis, sous plafond des pièces
de même forme et même force et entre les deux, des étais
taillés haut et bas de manière à présenter
une arête au milieu, et posés inclinés pour
qu'en les redressant, ils raidissent en poussant haut et bas.
En
résumé, les étais doivent, autant que possible,
être posés à l'aplomb les uns des autres dessus
et dessous les planchers des différents étages, surtout
si les semelles qui les reçoivent ne sont pas assez épaisses
pour répartir les charges; on peut prendre des bois diminuant
de force à chaque étage suivant placé au-dessus.
Étaiements
des baies. -- Les baies forment dans les murs des solutions de continuité
qui peuvent favoriser beaucoup les déformations. Lorsqu'un
mouvement se produit dans un mur, les jambages des fenêtres,
non soutenus, sont des premiers à en subir les conséquences,
aussi, à part les étaiements urgents nécessités
par l'état des choses, commence-t-on par étayer les
ouvertures.

Figure 826 - Étrésillonnement de fenêtre. Figure
827 - Étrésillonnement de baie.
Il
est peu fréquent d'avoir à recourir à l'étrésillonnement
dans le sens vertical, cependant, le cas se présente parfois.
Il ne diffère de ceux que nous allons voir que par la direction
différente et la longueur des pièces, cela nous permet
de ne pas en donner le dessin.
La
manière la plus employée pour étayer une baie
est représentée figure 826. On place des couchis contre
les jambages ou côtés latéraux des fenêtres
et ensuite, on pose des étais appelés étrésillons,
inclinés alternativement dans un sens et dans l'autre, en
zigzags, et qui sont taillés aux extrémités
de manière à n'entrer en contact avec le couchis que
par l'arête qu'a donnée la coupe et qui se trouve au
milieu de la largeur.
Quelquefois,
les baies sont garnies de couchis sur trois côtés comme
dans l'exemple figure 827, et parfois aussi sur les quatre côtés,
et on a un encadrement complet.
On
fait aussi des étrésillonnements composés d'un
cadre complet et des étais verticaux; ou bien encore, toujours
avec un cadre complet, une ou plusieurs traverses dans la hauteur,
et des croix de Saint-André dans chacun des vides. Cette
disposition étrésillonne dans tous les sens et même
en diagonale.
Lorsque
les murs sont très épais, l'étaiement par étrésillons
peut être double, ou en place un dans le tableau de la baie,
et un autre dans l'ébrasement.
Étaiements
des voûtes. -- On trouvera plus loin une étude très
complète des cintres qui donne à peu près tous
les cas qui peuvent se présenter dans l'étaiement
des voûtes. Nous nous bornerons ici à un exemple que
nous présentons figure 828.

Figure 828 - Étaiement de voûte.
Dans
les parties cintrées des baies qu'on doit étayer soit
pour les réparer, soit pour reprendre les piédroits
en sous-oeuvre, on met à la hauteur des naissances un entrait
ou plutôt une traverse que l'on soutient à l'aide d'étais
inclinés, pour permettre de donner du raide et dont les pieds
viennent reposer sur des plates-formes.
Au-dessus
de la traverse, on vient placer des couchis formant un polygone,
et les segments sont occupés par des cales qui soutiennent
en tous points la maçonnerie ou les claveaux; les couchis
sont maintenus par les contre-fiches inclinées et les pièces
sont calées comme on le voit sur le dessin de manière
à éviter les glissements qui compromettraient la solidité
de l'ensemble.
LÉGENDE
:
- Figure
802 -- Étaiement d'une fouille
- Figure
803 -- Étaiement d'une fouille
- Figure
804 -- Étaiement d'une fouille
- Figure
805, 806 -- Étrésillonnement de tranchée
- Figure
807 -- Blindage de puits
- Figure
808 -- Joint de cercle
- Figure
809 -- Blindage de puits
- Figure
810 -- Étaiement d'un mur par contre-fiche
- Figure
811, 812 -- Étaiement d'un mur par contre-fiches
- Figure
813 -- Étaiements
- Figure
814 -- Chevalement
- Figure
815, 816 -- Chevalement
- Figure
817, 818 -- Chevalement
- Figure
819,820 -- Chevalement
- Figure
821,822 -- Traverses ou chapeaux
- Figure
823, 824 -- Étaiement de poutre
- Figure
825 -- Étaiement de plancher
- Figure
826 -- Étrésillonnement de fenêtre
- Figure
827 -- Étrésillonnement de baie
- Figure
828 - Étaiement de voûte
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